Les initiatives des acteurs du monde économique pour lutter contre la déforestation dans le monde ne parviennent pas à faire cesser la destruction des forêts, des savanes et des prairies. Sans des mesures urgentes traduisant plus efficacement leurs ambitions, la disparition de ces précieux écosystèmes va se poursuivre à un rythme élevé.
Un nouveau rapport publié conjointement par le BCG et le WWF (Deforestation and conversion-free supply chains: A guide for action) étudie l’impact de plusieurs filières sur la déforestation et la conversion des territoires, et mesure l’écart entre leurs engagements depuis 2010 et le résultat des actions conduites. Ainsi :
- Entre 2001 et 2015, les activités agricoles ont contribué pour 39 % à la diminution - permanente ou temporaire - de la couverture forestière mondiale. Cela représente 10 millions d’hectares de forêts qui disparaissent chaque année (l’équivalent de 5 fois la Bretagne), au Brésil, en Indonésie, au Congo notamment. À lui seul, l’élevage du bétail (particulièrement du bœuf) a été responsable de 37 % de la déforestation d’origine agricole entre 2001 et 2015. Le rapport souligne également le poids de trois autres filières : celles du soja, de l'huile de palme, et des plantations destinées à produire de la fibre de bois. Celles du cacao et du café auront aussi un impact à surveiller dans certaines géographies dans les années à venir.
- Même si la pression de l’opinion publique les pousse à agir, moins de la moitié des entreprises concernées communiquent sur leurs engagements. D’autant qu’en moyenne, ceux-ci ne sont tenus qu’à 55% : les 45% restants représentent souvent ceux qui garantissent le plus d’impact sur l’ensemble de la chaîne de valeur. La traçabilité depuis le producteur reste un problème sur lequel les modèles de certification n’apportent pas assez de réponse. Les entreprises transformant les matières premières et les négociants se révèlent les moins impliqués, alors qu’ils sont en théorie les mieux placés pour avoir un impact significatif.
- Le rapport passe en revue les approches plus systémiques permettant de mettre un terme à la déforestation et à la conversion des terres non agricoles. Il encourage d’abord les entreprises à transformer l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement en incitant leurs fournisseurs à être plus verts sur la totalité des produits qu’ils vendent et pas seulement ceux fournis à l’entreprise. Il préconise surtout d’adopter des approches qui dépassent les filières pour considérer les territoires dans leur globalité, en impliquant tous les acteurs (entreprises, gouvernements, communautés locales notamment). Il appelle enfin les gouvernements à adopter des législations plus strictes, et incite les institutions financières à favoriser un changement de grande échelle à travers leurs stratégies d’investissement.
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