Paris—Les revenus globaux du secteur des paiements ont représenté 1,5 trillion de dollars en 2021. Malgré les nombreux défis macroéconomiques et géopolitiques actuels, ils devraient croître de 9,5 % en 2022 (soit deux points de plus que les estimations effectuées il y a un an).
Entre 2021 et 2026, cette croissance annuelle devrait rester solide, à 8,3 %, pour se stabiliser ensuite à 7,6 % entre 2026 à 2031. Cela porterait les revenus mondiaux du secteur des paiements à 3,3 trillions de dollars d'ici 2031. Les acteurs du paiement ont fait preuve d’une grande résilience tout au long de la pandémie et des bouleversements économiques actuels. Pour conserver un avantage compétitif, ils devront diversifier leurs offres grâce à l’exploitation de la donnée, développer de nouveaux partenariats et de nouvelles sources de revenus.
C’est ce que révèle la 20ème édition du rapport annuel du Boston Consulting Group (BCG) Global Payments- The New Growth Game, qui se base sur une analyse dans 60 pays sur la période 2011-2031.
Des perspectives de croissance solides par région …
- Les différentes régions du monde enregistrent de bonnes projections de croissance pour les cinq prochaines années : l’Amérique Latine et l’Europe en tête avec respectivement 10,8% et 10,6% de taux de croissance annuel moyen. Elles sont suivies par le Moyen-Orient et l’Afrique (9,8%), l’Asie-Pacifique (7,6%) et l’Amérique du Nord (7,3%).
- En Europe, la forte croissance attendue pour le secteur des paiements est portée par les revenus non transactionnels, soutenus par une forte hausse des taux d'intérêt. Les moyens de paiement alternatifs gagnent également du terrain, comme le montre l’essor du système de virement instantané espagnol Bizum.
… Et par segment du marché, malgré un recul des fintechs
- Les revenus issus des transferts et virements - internationaux et domestiques -vont augmenter de 8,9% en moyenne par an, pour passer de 63,8 milliards de dollars en 2021 à 97,9 milliards de dollars en 2026. Un taux de croissance moyen en léger recul par rapport aux cinq années précédentes (10,2 %).
- Les revenus des acquéreurs (merchant acquirers) s’élèvent à 106 milliards de dollars en 2021 et devraient croître de 8,7 % par an en moyenne entre 2021 et 2026, dans un univers de plus en plus compétitif.
- Les revenus issus des transactions des banques de gros s’élevaient à 494 milliards de dollars en 2021 et devraient atteindre un trillion de dollars en 2031 (9,2% de croissance annuelle moyenne). Mais plusieurs défis restent à relever : les attentes accrues des clients (directeurs financiers et trésoriers), l’intensification de la concurrence des acteurs non bancaires et surtout les besoins d’investissements croissants dans les infrastructures de paiements numériques.
- Entre 2016 et 2021, près d’une nouvelle fintech sur cinq dans le monde était dédiée aux paiements. Elles ont représenté environ 20% du financement par capitaux propres cumulés des fintechs au cours de la période. Mais ces derniers mois, nombre d’entre elles ont vu leur valorisation chuter significativement. Pour assurer une croissance sur le long terme, les fintechs dédiées au paiement doivent se concentrer sur la rentabilité, professionnaliser la gestion de leurs risques et mettre l’accent sur la conformité.
Quatre tendances majeures dessinent l’avenir du secteur des paiements
- L'ère de la surperformance s’achève : la valorisation des acteurs du secteur a baissé depuis le second semestre 2021 (baisse de 30 % en moyenne du rendement total pour les actionnaires). Cela pourrait aboutir à une consolidation du marché.
- La demande pour les paiements électroniques augmente : les paiements électroniques continuent de progresser, portés par l’essor continu du e-commerce, ainsi que ceux des paiements de compte à compte (en particulier dans les marchés émergents).
- Les monnaies numériques des banques centrales (CBDC) gagnent du terrain : alors que la confiance du marché dans les cryptomonnaies privées s’érode, de plus en plus de banques centrales se montrent intéressées par la création de leur propre monnaie numérique.
- Les entreprises du secteur des paiements sont confrontées à des risques importants (cybersécurité, crypto assets et finance décentralisée) et à une pression réglementaire croissante de la part les autorités des marchés financiers. Elles vont devoir renforcer leurs politiques de gestion des risques et de la conformité.
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