Paris—Dans un environnement incertain, les dirigeants français doivent renouer avec l’audace et sortir du court-terme pour conduire les transformations qui garantiront la compétitivité de leurs entreprises. Pourtant, seuls 20 % d’entre eux considèrent la prise de risque comme une attitude encouragée. C’est ce que révèle la dernière étude de Boston Consulting Group, menée auprès de 90 dirigeants français et dévoilée à l’occasion de la 22ᵉ édition des Entretiens “(Re)prendre des risques”.
Une nouvelle ère pour les dirigeants : celle de l’hyper-risque
Guerres commerciales et militaires, multiplication des attaques cyber, risques réglementaires, technologiques… 90 % des dirigeants interrogés font le constat d’une intensification des risques macroéconomiques et géopolitiques, au cours des trois dernières années. Ce climat d’incertitude se superpose à un net ralentissement économique : la croissance française a été divisée par deux en cinq ans, tombant à 0,8 point.
« Face à une ère d’hyper-risque et à un ralentissement structurel de la croissance, les dirigeants sont appelés à repenser leurs leviers de performance », souligne Yahya Daraaoui, Directeur associé senior au BCG. « Ils doivent faire preuve d’audace stratégique pour bâtir et maintenir leur compétitivité : accepter de prendre des risques et se projeter dans des transformations à long terme. »
Une prédominance de la gestion court-terme
Pourtant, les leaders français restent majoritairement ancrés dans une logique de court-terme. Si 74 % des dirigeants interrogés soulignent l’importance d’une vision à long terme, 80 % estiment que le court-terme prévaut aujourd’hui dans la prise de décision. La prise de risque stratégique se heurte à la recherche de performance financière immédiate et à la gestion des risques à court horizon.
Ainsi, interrogés sur les risques ayant le plus d’impact sur leur activité, 46 % placent au moins deux risques immédiats dans leur top 3 (parmi les risques financiers, géopolitiques ou réglementaires).
À l’inverse, seuls 18 % citent le risque environnemental parmi leurs principales priorités, alors même qu’il conditionne leur résilience future.
Un contexte qui décourage la prise de risque Seulement 20 % des dirigeants interrogés considèrent que la prise de risque est réellement encouragée et valorisée dans leur organisation.Les freins à la prise de risque sont multiples :
- Un cadre réglementaire lourd et instable :selon l’indice d’incertitude réglementaire (Economic Policy Uncertainty Index), l’instabilité réglementaire en France a été jusqu’à trois fois supérieure à celle de l’Espagne ou de l’Italie entre 2018 et 2025. Ainsi, 38 % des dirigeants interrogés placent le risque réglementaire dans leur top 3 des risques impactant le plus leur activité.
- Des incitations publiques jugées inefficaces : Près de 70 % des dirigeants estiment insuffisants les dispositifs publics (programmes européens, incitations fiscales, simplification administrative…).
- Une définition floue du rôle de l’entreprise, entre performance économique et impact sociétal : Un administrateur sur deux juge le sujet clivant.
- Un modèle de sanction décourageant le risque : les procédures de faillite durent au minimum trois ans en France, contre quatre à six mois aux États-Unis.
« Nous sommes dans un pays où l’aversion au risque constitue un véritable trait culturel. La stabilité du CAC 40 l’illustre parfaitement : sa composition a très peu évolué sur les dix dernières années, alors que, dans le même temps, 40 % des 40 premières entreprises du S&P 500 ont été renouvelées », ajoute Romane Roch, Directrice associée au BCG.
Reprendre goût au risque pour retrouver le chemin de la compétitivité
En France comme en Europe, renouer avec la compétitivité passe par la capacité à reprendre le goût du risque et à investir dans les grands chantiers de transformation (climat, nucléaire, intelligence artificielle, quantique, etc.) essentiels au redressement industriel et à la souveraineté économique du continent.
Pour ce faire, BCG identifie des priorités concrètes, activables dès aujourd’hui par les dirigeants afin de reprendre du risque :
- Sortir de l'obsession du court terme et investir dans les paris stratégiques de long terme : numérique, IA, énergie, défense, transition industrielle.
- Adapter le leadership à l’ère de l’hyper-risque en valorisant les dirigeants capables de vision, de constance, d’humilité face à l’incertitude et de mobilisation collective
- Créer les conditions de la prise de risque en instaurant le droit à l’erreur, en valorisant la prise d’initiative et la solidarité dans le risque.
Contacts presse
Boston Consulting Group
Sarah Lauprete
A propos de la méthodologie
L’étude repose sur une consultation en ligne par questionnaire auto-administré, réalisée entre juillet et octobre 2025 auprès de 90 répondants représentant un panel diversifié de dirigeants et d’administrateurs français. Par ailleurs, 13 participants ont pris part à un entretien qualitatif afin d’enrichir l’analyse.
A propos de Boston Consulting Group (BCG)
BCG accompagne les dirigeants du monde entier. Nous sommes à leurs côtés pour les aider à relever leurs plus grands défis. Créé en 1963, BCG a été le pionnier du conseil en stratégie. Aujourd'hui, nous aidons nos clients dans toutes leurs transformations afin d’accélérer leur croissance, renforcer leur avantage concurrentiel et générer un réel impact. La réussite des organisations passe aujourd’hui par leur capacité à associer les meilleures ressources humaines et digitales. Nos équipes apportent une expertise industrielle et fonctionnelle approfondie à nos clients. BCG propose des solutions qui s’appuient sur du conseil de très haut niveau, du design, le déploiement de nouvelles technologies ou encore la création d'entreprises digitales- en respectant toujours la raison d’être des entreprises. Nous travaillons avec nos clients selon un modèle collaboratif unique, à tous les niveaux de l’organisation.