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65% des Français estiment la méritocratie mal défendue dans leur pays

Une étude BCG/IPSOS sur la méritocratie pour les XVIII èmes Entretiens de Royaumont

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À l’occasion de la XVIIIe session des Entretiens de Royaumont qui se tiendront les 3 et 4 décembre, le Boston Consulting Group et Ipsos dévoilent les conclusions d’une étude intitulée « Les Paradoxes et illusions perdues de la méritocratie en France ». Menée auprès de 10 000 personnes dans dix pays[1], elle analyse le rapport des citoyens à la méritocratie et pose la question de sa perception et de sa place sur l’échelle des valeurs en France et dans le monde.

Paris - L’idée que l’effort et le travail sont des gages de réussite nourrit le récit national. Le mérite est l’un des fondements de notre démocratie, qui fait la part belle à ces parcours de citoyens ayant su sortir de leur condition d’origine pour gravir les échelons de la réussite économique, artistique, culturelle. Pourtant, aujourd’hui, la méritocratie semble l’objet d’une certaine désillusion en France.

La méritocratie à l’épreuve des déterminismes sociaux

Les Français restent attachés au mérite plus qu’ailleurs. Cette valeur arrive en 5e position en France derrière la justice, l’égalité, la liberté et la solidarité ; alors qu’elle est en 7e place dans les autres pays étudiés. Pour autant, ils sont 65 % à estimer qu’elle est mal défendue et mettent en avant le fort poids du déterminisme social dans le parcours des individus.

Pour la majorité des Français, ce sont encore le réseau, le travail, et le milieu d’origine qui permettent le mieux de réussir. Avant même les études. Et les discriminations ethniques et sociales sont perçues comme les freins principaux à la méritocratie en France, citées respectivement par 46 % et 42 % des Français.

Dès lors, le sentiment de frustration engendré par le manque de reconnaissance du mérite est particulièrement vif en France. Les Français s'estiment méritants (75 % des sondés), mais seule la moitié d’entre eux considère que ce mérite a été suffisamment reconnu par leur entourage - score le plus bas parmi les pays étudiés.

Entre reconnaissance et mérite : le modèle de réussite en question

Cette frustration s'exprime aussi dans le désaveu du modèle de réussite actuel. L’étude révèle que les Français jugent peu méritantes les professions qu’ils perçoivent comme les plus reconnues par la société, citant les footballeurs ou les chefs d’entreprises. Pourtant, accéder à une situation financière confortable est la source de motivation à la réussite la plus citée par nos compatriotes (58 % en France, contre 51 % en moyenne pour les autres pays de l’enquête).

Ils ont le sentiment que notre société valorise moins des professions comme les infirmiers, les médecins, les militaires, les enseignants, dont ils jugent le mérite supérieur.

“C’est un véritable enjeu pour les entreprises” expliquent Marie Humblot-Ferrero et Stéphane Charveriat, directeurs associés au BCG. La question de la valorisation et de la reconnaissance est centrale. Qu’elle soit financière ou non. On le constate avec le mouvement de grande démission aux États-Unis, avec la question des salaires en France. Une étude que l’on a menée récemment auprès des talents de la Tech montre par exemple qu’en France, 45 % d’entre eux souhaitaient changer d’employeur car ils ont l’impression d’être sous-estimés dans leur emploi actuel. À l’heure de la guerre des talents et des pénuries de main-d'œuvre, cette question est cruciale.”

Une perte de confiance dans la capacité des institutions à garantir l’idéal méritocratique

Les Français expriment une défiance et une frustration à l’égard des institutions de la République, notamment envers l’école, pour assurer la méritocratie et favoriser l’ascension sociale.

C’est un défi pour les dirigeants d’entreprises en France. L’étude montre en effet qu’aux États-Unis notamment, les sondés citent les enseignants et employeurs comme des contributeurs importants à leur réussite personnelle.

Didier Truchot, président d’Ipsos, a déclaré : « Notre enquête fait clairement apparaître d’importantes différences entre le bloc anglo-saxon, représenté ici par les États- Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, et d’autres pays dont la France. Les Français, comme les Allemands et les Italiens, sont relativement peu nombreux à faire confiance en la capacité des institutions de les soutenir dans leurs efforts de progression sociale et professionnelle. Les anglo-saxons sont plus nombreux que les européens à se vivre dans des sociétés plus ouvertes où il est possible de progresser grâce à son seul mérite

[1]France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Pologne, États-Unis, Argentine, Turquie, Australie, Japon.

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