La transition énergétique est entrée dans une nouvelle phase. Au cours des 36 derniers mois, le paysage énergétique mondial a profondément évolué, sur fond de fragmentation géopolitique. Parmi les évolutions les plus marquantes figure l’importance toujours renouvelée accordée à la sécurité d’approvisionnement et à l’accessibilité de l’énergie, deux des trois dimensions du « trilemme énergétique » (environnement, sécurité d’approvisionnement, accessibilité / coûts). Pour autant, la transition énergétique demeure une transformation de long-terme. Et dans de nombreux cas, sécurité et accessibilité peuvent être conciliées avec les objectifs de décarbonation. La question n’est donc plus de savoir si ces transitions se poursuivront, mais comment et à quel rythme.
C’est précisément l’objet d’une nouvelle étude BCG intitulée The Energy Transition’s Next Chapter , qui dresse un panorama complet du marché mondial de l’énergie, étayé par de nombreuses données et analyses. L’étude identifie notamment sept grandes transformations macroéconomiques qui redessinent la transition énergétique et en analyse quatre implications sous-jacentes.
Sept grandes transformations sont mises en avant :
- Les pays renforcent leur sécurité énergétique en s’appuyant sur leurs ressources locales. Les États-Unis encouragent le développement des ressources pétrolières et gazières domestiques tout en soutenant des sources alternatives comme le nucléaire et la géothermie. La Chine, de son côté, s’appuie sur ses importantes réserves de charbon tout en développant ses capacités dans le solaire et l’éolien. A titre d’illustration, les capacités installées en solaire et éolien atteignent environ 1 400 GW en 2024 en Chine, contre 329 GW aux Etats-Unis.
- En Europe, la hausse des prix de l’énergie fragilise l’adhésion des citoyens à la transition énergétique avec des prix de l’électricité deux à cinq fois plus élevés qu’ailleurs.
- Les besoins en électricité explosent avec l’IA et l’électrification avec une hausse attendue de 7.1 PWh dans le monde entre 2020 et 2029 contre 5.3 PWh entre 2010 et 2019. La Chine et l’Inde, à elles seules, devraient enregistrer une croissance de 30 % à 50 % de leur consommation nationale d’ici 2030. Aux États-Unis, la demande augmentera de 800 TWh d’ici 2030, soit 1,5 fois la consommation actuelle de l’Allemagne (+4 % par an). L’Europe suit une trajectoire similaire.
- Un retour en force du nucléaire et du gaz naturel. Les capacités mondiales de gaz naturel devraient augmenter de 40 % d'ici 2040. En France, avec les récentes annonces de nouvelles constructions (EPR2) et les prolongations de durée de vie des centrales en fonctionnement, la capacité nucléaire prévue pour 2040 sera supérieure à ce que l’on estimait en 2019.
- Le pétrole et le gaz restent incontournables dans le mix énergétique mondial, en particulier pour l’aviation et le transport lourd, qui disposent de moins d’alternatives à grande échelle et à coût équivalent sur le court terme. La demande mondiale de gaz naturel liquéfié devrait ainsi augmenter de 80 % d’ici 2040, avec 38 nouveaux pays importateurs attendus sur le marché.
- Des investissements massifs se profilent : les dépenses mondiales dans le secteur de l’énergie devraient bondir de 50 % passant de 7 000 milliards en 2024 à 10 000 milliards de dollars d’ici 2030 (soit environ 1,5 % du PIB mondial), en grande partie orientées vers les réseaux et les énergies renouvelables.
- Une transition à deux vitesses se dessine dans l’énergie bas-carbone : le solaire, l'éolien terrestre et les batteries ont vu leur coût chuter de 90 % depuis 2010, là où ceux des carburants synthétiques par exemple restent encore trop chers par rapport à leurs alternatives fossiles pour être pleinement compétitifs et nécessiteront utilisation progressive.
De ces constats, l’étude met en avant quatre enseignements majeurs :
- La réduction des coûts est indispensable pour accélérer le déploiement des infrastructures clés de la transition énergétique. Depuis les années 1960, le coût des infrastructures électriques a été multiplié par six, sous l’effet des retards administratifs, des contraintes de main-d’œuvre, ou des tensions dans les chaînes d’approvisionnement. Réduire ces coûts passe donc par une meilleure planification, l’optimisation des actifs existants, la simplification des autorisations et une exécution plus rigoureuse des projets.
- Accélérer la transition passe par le déploiement massif de technologies éprouvées, tout en misant sur quelques paris stratégiques pour celles de demain. Près de deux tiers des émissions énergétiques mondiales peuvent être réduites grâce à des technologies déjà viables, comme le solaire et l’éolien, à condition de maintenir un soutien clair et stable.
- L'accessibilité financière de l'énergie est cruciale pour maintenir l'adhésion à la transition. Dans de nombreux pays, les coûts hors production (frais de réseau, taxes et prélèvements) représentent plus de 50 % de la facture d’électricité des ménages. Ils pèsent particulièrement sur les foyers modestes et les petites entreprises, fragilisant le soutien politique et social.
- Il n’existe pas de transition énergétique universelle. Son rythme et ses modalités varieront selon les pays et les régions. Les stratégies doivent être adaptées aux ressources, aux institutions et aux marchés locaux.
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