Paris—Le secteur des infrastructures connaît une transformation majeure. En une décennie, il a quadruplé, avec des actifs sous gestion dépassant les 1 300 milliards de dollars dans le monde en 2024, soit une progression annuelle de 16 %, contre 13 % pour l’ensemble des capitaux privés sur la même période (2014-2024). Mais derrière cette dynamique, le marché évolue : incertitudes géopolitiques, évolution des taux d’intérêts, ralentissement des levées de fonds, consolidation du secteur et montée en puissance des infrastructures numériques et énergétiques redéfinissent les stratégies des investisseurs.
Le dernier rapport BCG, Infrastructure Strategy 2025: How Investors Can Gain Advantage as the Asset Class Matures décrypte les évolutions de ce marché en recomposition. Quels sont les secteurs les plus porteurs ? Comment les investisseurs s’adaptent à ce nouvel environnement ?
Parmi les messages clés :
Les levées de fonds reprennent : en 2024, les fonds d’infrastructure ont levé 87 milliards de dollars, soit une hausse de 14 % par rapport à 2023 ($76 milliards). Ce chiffre demeure en deçà du record de 2022 ($154 milliards). Malgré un appétit toujours marqué des investisseurs pour les infrastructures, les levées prennent davantage de temps (31 mois en moyenne en 2024, contre 20 mois il y a dix ans). Ce rallongement s’explique par plusieurs facteurs : contexte macroéconomique incertain, concurrence accrue entre les fonds dans un environnement plus compétitif, malgré une récente consolidation du marché, ainsi qu’une augmentation constante de la taille des fonds ciblés.
Un ralentissement des transactions: le nombre de transactions a reculé de 8 % en 2024 pour atteindre 1 983 deals, après une baisse de 19 % en 2023. La valeur moyenne des transactions en 2024 ($428 millions) recule également par rapport à 2023 ($497 millions), et reste inférieure de 40 % au pic de 2021 ($709 millions). Néanmoins, certaines opérations emblématiques démontrent la résilience du secteur, notamment l’acquisition du réseau Telecom Italia par KKR Infrastructure pour 20 milliards de dollars et la prise de contrôle d’AirTrunk par Blackstone et CPP pour 16 milliards de dollars.
Le digital et la transition énergétique, deux secteurs en forte accélération :
- L'essor du digital: la demande en data centers explose sous l’effet de l’IA, entraînant une multiplication par cinq des investissements dans le secteur, passés de 11 milliards de dollars en 2020 à 50 milliards en 2024 (+ 46 %).
- La transition énergétique reste un levier d’attractivité : Plus de 50 % des transactions en infrastructures en 2024 concernent les énergies renouvelables et le stockage d’énergie. Les investisseurs misent sur les réseaux intelligents, les infrastructures de recharge électrique et le stockage de l’énergie.
Dans ce contexte de marché en mutation, les investisseurs adaptent leurs stratégies :
- Une vague de consolidation : face à la maturité du secteur, les fusions-acquisitions deviennent un outil clé. Certains acteurs renforcent leur présence en se positionnant comme des plateformes globales, tandis que d’autres se concentrent sur des niches spécifiques ou des marchés géographiques stratégiques.
- L’expansion des mandats d’investissement : les fonds diversifient leurs stratégies et proposent des offres avec des profils risque/rendement variés pour répondre aux nouvelles attentes des investisseurs.
- Un renforcement de l'efficacité opérationnelle : les fonds adoptent des stratégies de gestion d’actifs plus dynamiques (structuration des équipes d’asset management, recours plus systématiques à des plans de création de valeur, à des projets plus ciblés : exemple pricing, digital, …) ou à une stratégie de consolidation.
- Exploration de nouvelles structures de fonds : Face à une complexité croissance et à la rareté des actifs (notamment sur les thématiques de la transition énergétique), nous observons une évolution des stratégies d’investissements avec des véhicules spécialisés à la fois sectoriellement et en termes d’archétype d’investissements : stratégie de plateforme, stratégie greenfield, partenariat avec des industriels etc.
Contact Presse :
Boston Consulting Group
Laure Mayoussier
A Propos Du Boston Consulting Group
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