La Coopération Mondiale: Un Élément Essentiel Pour Renforcer La Sécurité Économique Et La Résilience

By  Eric Sullivan Michael McAdoo Marc Gilbert, and  Chris Tait
Article 8 MIN read

Key Takeaways

  • BCG a joué un rôle clé dans l’élaboration du communiqué du B7, en apportant un partenariat stratégique, en partageant les recherches et analyses les plus récentes sur un large éventail de sujets, et en contribuant avec une expertise et une expérience approfondies à l’échelle mondiale.
  • Le communiqué du B7 de 2025 constitue un plan stratégique pour permettre aux dirigeants du G7 de relever les défis économiques les plus urgents d’aujourd’hui et de renforcer les liens économiques de manière plus sécuritaire.
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L’ordre international traverse une période de perturbations et d’incertitudes extraordinaires. Alors que le protectionnisme commercial généralisé prend de l’ampleur, la coordination mondiale s’affaiblit, précisément au moment où elle est la plus nécessaire pour relever des défis de plus en plus complexes et saisir les nouvelles occasions de croissance.

Depuis les années 1970, le G7 — qui regroupe le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne — constitue un pilier de la coopération et du progrès à l’échelle mondiale. Il a permis une ère de stabilité et de prospérité économique sans précédent, propice à la croissance des entreprises, à l’essor de l’innovation et à l’amélioration du niveau de vie.

Aujourd’hui, le système même que le G7 a contribué à bâtir est mis à rude épreuve, alors que les dynamiques de pouvoir mondiales évoluent vers un modèle multipolaire moins coopératif. Malgré ces vents contraires, le G7 demeure particulièrement bien placé pour maintenir et renforcer la capacité institutionnelle mondiale à respecter ses engagements fondamentaux — des efforts qui sont au cœur de la mission du G7 visant à favoriser la prospérité partagée et une croissance économique résiliente.

“Le climat actuel d’incertitude économique sans précédent menace la prospérité et la sécurité du G7, et renforce la position de nos concurrents géopolitiques, qui cherchent de plus en plus à exploiter nos vulnérabilités pour remodeler l’ordre mondial”, a écrit Candace Laing, présidente et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada, dans la préface du Communiqué B7 de cette année, lequel présente les recommandations de la communauté d’affaires du G7 à l’intention des dirigeants du G7, en prévision de leur sommet annuel.

La Fédération des entreprises du Groupe des Sept, ou B7, représente les intérêts de la communauté d’affaires des pays du G7 et soumet des recommandations aux dirigeants du G7. BCG possède une vaste expérience en soutien aux forums économiques mondiaux et agit à titre de partenaire de connaissance officiel du B7 2025. Dans ce rôle, BCG a joué un rôle clé dans l’élaboration du Communiqué B7, en offrant un accompagnement stratégique, en partageant les recherches et les analyses les plus récentes sur un large éventail de sujets, et en mettant à profit son expertise mondiale approfondie.

Le Communiqué B7 2025 offre une feuille de route stratégique aux dirigeants du G7 afin de relever les défis économiques les plus urgents d’aujourd’hui et de renforcer les liens économiques de manière plus sécuritaire. Le Communiqué met l’accent sur le thème de la sécurité économique et ses interactions avec le commerce, l’intelligence artificielle (IA) et l’énergie. Il souligne également l’importance des minéraux et matériaux critiques, ainsi que leur rôle essentiel dans la protection de la sécurité économique et nationale.

La coopération mondiale : un élément essentiel pour renforcer la sécurité économique et la résilience

Minéraux critiques : forte demande, approvisionnement limité

L’approvisionnement sécurisé en minéraux critiques constitue un défi particulier pour le G7, ces ressources étant des intrants essentiels pour la fabrication de biens et de composants tels que les batteries, les panneaux solaires, les véhicules électriques et les engrais. L’accès à des minéraux comme le lithium, le cobalt, le nickel, les terres rares et le cuivre suscite une inquiétude croissante, alors que la concurrence mondiale influence le contrôle, l’approvisionnement et le développement de ces ressources clés.

La demande pour certains de ces minéraux devrait augmenter de près de 800 % d’ici 2040. La Chine, source principale de terres rares, consolide activement sa position dominante dans les chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques. L’excédent d’approvisionnement en provenance de la Chine a contribué à des déséquilibres du marché, exerçant une pression à la baisse sur les prix et compliquant l’environnement d’investissement pour les entreprises privées. Cette dépendance accrue envers un seul pays expose aussi les membres du G7 à des risques de perturbations d’approvisionnement, avec des répercussions sur la sécurité nationale et la résilience économique.

Prédictibilité et efficacité des piliers nécessaires pour un commerce mondial fluide

Le consensus politique en faveur du libre-échange et des marchés ouverts est mis à mal récemment, alors que plusieurs pays cherchent à promouvoir leurs intérêts économiques et sécuritaires internes. Cette dynamique a mené à des mesures commerciales unilatérales qui vont à l’encontre des règles communes établies de longue date. Les pratiques non concurrentielles – telles que les actions discriminatoires ou les subventions –, le protectionnisme commercial (y compris les droits de douane exceptionnels et d’autres mesures unilatérales), ainsi que l’affaiblissement des mécanismes de règlement des différends, contribuent à une incertitude croissante et à l’érosion des relations économiques internationales. Cependant, selon les analyses de BCG, un système commercial plus prévisible et mondialisé pourrait générer jusqu’à 8 500 milliards de dollars de gains économiques potentiels pour le G7.

En parallèle, les chaînes d’approvisionnement mondiales sont de plus en plus menacées par le protectionnisme, les conflits armés, les événements climatiques extrêmes, les pandémies, et plus encore. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) estime que seulement 30 % du commerce international concerne des produits finis, tandis que les 70 % restants proviennent d’étapes intermédiaires dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Par conséquent, des perturbations prolongées dans les industries critiques pourraient entraîner des pénuries, avec des conséquences économiques potentiellement dévastatrices.

Tandis que les gouvernements s’efforcent de stabiliser les échanges commerciaux mondiaux, il est également impératif d’investir dans les infrastructures numériques, de faire progresser la coopération réglementaire en matière de commerce, et d’élargir l’accès au financement du commerce — en particulier pour les MPME (micro, petites et moyennes entreprises) — afin de favoriser l’efficacité et de suivre le rythme rapide des avancées technologiques.

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L’intelligence artificielle : une immense opportunité accompagnée de risques

L’adoption accélérée de l’intelligence artificielle représente une opportunité de transformation majeure. On estime qu’elle pourrait ajouter jusqu’à 7 000 milliards de dollars au PIB mondial d’ici 2030, à condition que les gains de productivité soient accompagnés d’une croissance équivalente de la demande globale.

Bien que les pays du G7 soient à l’avant-garde du développement de l’IA générative, l’adoption à l’échelle des entreprises dans ces pays risque de prendre du retard par rapport à leurs homologues mondiaux. L’annonce récente de la technologie DeepSeek AI par la Chine met en évidence l’intensification de la course au leadership mondial dans le développement de l’IA.

Trois défis critiques se démarquent : la pénurie de talents, les contraintes d’infrastructure (comme l’infrastructure énergétique nécessaire pour soutenir la forte croissance de la demande en centres de données), ainsi que l’incertitude réglementaire.

L’élaboration d’approches et de normes acceptées à l’échelle internationale, tant pour l’IA que pour les flux de données transfrontaliers, constitue une dimension essentielle de la transformation numérique imminente. Comme pour l’adoption de l’IA, cette transformation nécessitera une coordination entre les membres du G7.

Collaboration et investissements nécessaires pour une énergie sécurisée, abordable et durable

La demande énergétique mondiale devrait augmenter de près de 50 % d’ici 2050, stimulée par l’expansion industrielle et la croissance démographique.

Malgré les engagements internationaux visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, le monde est loin d’atteindre les objectifs convenus. On prévoit que les énergies propres ne couvriront que 40 % de la demande énergétique mondiale d’ici 2050 — bien en deçà des 90 % requis pour atteindre la carboneutralité.

L’ampleur des investissements nécessaires pour combler cet écart est considérable. Selon les estimations de BCG, l’atteinte des objectifs de déploiement du solaire et de l’éolien pourrait nécessiter entre 41 000 et 57 000 milliards de dollars d’ici 2050, en plus des 18 000 milliards nécessaires pour les infrastructures énergétiques et industrielles d’ici 2030.

Un élément clé pour atteindre les cibles d’émissions est l’harmonisation des principes comptables liés aux prix du carbone, tant au niveau des entreprises que des produits, afin de réduire les déséquilibres de prix et de permettre des ajustements efficaces sur les marchés transfrontaliers.

Dans ce contexte, le gaz naturel liquéfié (GNL) représente une solution de transition. Source d’énergie traditionnelle à faibles émissions, disponible dans plusieurs pays du G7 — notamment le Canada —, le GNL peut jouer un rôle stratégique en soutenant la sécurité énergétique mondiale et la fiabilité des réseaux.

Les piliers systémiques soutiennent la prospérité et la stabilité

La santé, les infrastructures et la cybersécurité constituent l’ossature invisible des économies modernes — des piliers systémiques de résilience qui soutiennent l’activité économique mondiale et la confiance sociale. Dans une ère marquée par la multiplication des chocs et une interdépendance croissante, toute faiblesse dans l’un de ces domaines se répercute au-delà des frontières et des secteurs. Il est donc impératif d’investir de façon coordonnée et tournée vers l’avenir dans ces trois domaines pour assurer une sécurité économique à long terme.

Le système de santé mondial est à un point de bascule. Les contraintes de financement, le manque de capacité et le double fardeau croissant des maladies infectieuses et chroniques menacent des décennies de progrès. Les risques sanitaires liés aux changements climatiques, le vieillissement des populations et la fragilité des systèmes pourraient entraîner des pertes de productivité chiffrées en milliers de milliards de dollars. L’innovation — allant du diagnostic à la santé numérique — offre une voie prometteuse, mais seulement si elle est déployée de manière équitable. Dirigé par le secteur privé et soutenu par des années de recherche publique, le développement rapide des vaccins contre la COVID-19 illustre la puissance d’un environnement favorable à l’innovation — un modèle qui pourrait s’avérer essentiel pour relever des défis croissants tels que la résistance aux antimicrobiens, laquelle pourrait faire baisser le PIB mondial de 1,1 % à 3,8 % d’ici 2050. Repenser l’architecture de la santé mondiale, renforcer la surveillance et la préparation aux urgences, et faire en sorte que l’innovation bénéficie à tous sont des voies vers un système de santé plus résilient et plus réactif.

Les infrastructures, quant à elles, sont mises à rude épreuve par des décennies de sous-investissement, des actifs vieillissants et des événements météorologiques de plus en plus destructeurs. Ces pressions font planer le risque de défaillances en cascade dans les systèmes critiques et les routes commerciales mondiales, notamment dans les PRITI (pays à revenu intermédiaire et à faible revenu), où les besoins d’investissement sont criants mais difficiles à combler. Avec un déficit d’investissement estimé à 15 000 milliards de dollars d’ici 2040, le besoin d’infrastructures résilientes est à la fois urgent et économiquement justifié. Une action coordonnée entre les secteurs public et privé pourrait combler cet écart tout en générant des retombées majeures.

De même, le cyberespace est devenu à la fois un levier essentiel et un point de vulnérabilité pour les économies, affectant des systèmes critiques du quotidien — des hôpitaux aux réseaux électriques. À mesure que la cybercriminalité devient plus complexe et coûteuse — et pourrait dépasser les 2 000 milliards de dollars d’ici la fin de 2025 —, les entreprises sont confrontées à une fragmentation réglementaire, à une pénurie de talents et à un rythme effréné de menaces émergentes. En investissant dans les compétences, la collaboration et l’innovation, il est possible de préserver la confiance numérique et de faire en sorte que la sécurité progresse au même rythme que la connectivité.

Authors

Managing Director & Partner

Eric Sullivan

Managing Director & Partner
Montreal

Partner & Director, Global Trade & Investment

Michael McAdoo

Partner & Director, Global Trade & Investment
Montreal

Managing Director & Senior Partner; Global Lead, Center for Geopolitics

Marc Gilbert

Managing Director & Senior Partner; Global Lead, Center for Geopolitics
Toronto

Partner

Chris Tait

Partner
Toronto

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