Un appel urgent au changement
L’investissement au Canada stagne depuis 2014, rompant une tendance de croissance de 30 ans. Le ralentissement est visible presque partout - dans 12 des 13 provinces et territoires, les 5 catégories d’actifs et 16 des 18 secteurs. Le Canada affiche une sous-performance marquée, non seulement par rapport aux États-Unis, mais aussi face à un ensemble plus large d’économies avancées (G7 + pays nordiques + Australie).
L’investissement contribue directement à un cinquième du PIB et alimente la capacité productive qui soutient à long terme la croissance des salaires, des exportations et de la capacité budgétaire. Renverser cette stagnation est essentiel à la prospérité à long terme du Canada.
Le pipeline d'occasions d'investissement
Nous examinons trois domaines distincts d’opportunité susceptibles de raviver la trajectoire d’investissement du Canada.
Premièrement, le passé : environ 60 % de la sous-performance de la dernière décennie provient du secteur de la mine et de l’extraction de pétrole et de gaz, historiquement le principal moteur de formation de capital privé au Canada. Retrouver les niveaux d’investissement de 2014 d’ici 2030, grâce à la réalisation de 10 à 15 grands projets dans les minéraux critiques, le GNL, les sables bitumineux et les pipelines, permettrait de reconquérir le potentiel historique du pays.
Deuxièmement, le présent : l’ensemble de l’écart d’investissement par travailleur avec les États-Unis se concentre dans la propriété intellectuelle (PI) et les machines et matériel (M&M), où le Canada affiche la croissance la plus faible parmi les pays pairs. Égaler la croissance annuelle moyenne des investissements privés en PI et M&M des pays pairs, en passant d’environ 1 % aujourd’hui à près de 3 % au cours des cinq prochaines années, permettrait au Canada de rattraper son retard dans ces catégories d’actifs clés pour la productivité.
Troisièmement, le futur : d’importantes opportunités de croissance à forte intensité de capital se dessinent dans les infrastructures liées à l’IA, la croissance de la demande en électricité et l’expansion des réseaux, ainsi que dans les grands investissements publics en défense et en infrastructures commerciales. Égaler la part d’investissement attendue des pays pairs dans les infrastructures d’IA et d’électricité, tout en respectant les engagements publics clés d’ici 2030, permettrait au Canada de profiter de la prochaine vague de croissance tirée par l’investissement.
Ensemble, ces ambitions pourraient accroître les investissements annuels d’environ 140 G$ d’ici 2030 et hausser le PIB d’environ 4,5 %, contribuant ainsi à réduire l’écart du taux d’investissement du Canada par rapport à celui de ses pays pairs.
La voie à suivre
Pour atteindre ces résultats, le Canada doit devenir un endroit où les grands projets se réalisent rapidement et de manière prévisible, où les entreprises sont récompensées pour leurs investissements dans l’innovation, et où le pays rivalise efficacement pour attirer les capitaux mondiaux. Des pays pairs comme l’Allemagne, l’Italie et la Pologne ont démontré qu’avec des politiques créatives et un véritable sens de l’urgence, il est possible d’obtenir des résultats solides — et le Canada peut en faire autant.